Tuesday 19 August 2025
Font Size
   
Sunday, 06 March 2011 21:41

Crise en Libye «Ou Kadhafi nous tuera tous, ou nous le tuerons»

Crise en Libye «Ou Kadhafi nous tuera tous, ou nous le tuerons»

Dans un roulement de tonnerre, les projectiles soulèvent des nuages de poussière en tombant à une centaine de mètres des concentrations de combattants qui s'étirent de Ras Lanouf, dernière localité tenue par l'insurrection avant le front, jusqu'à quelques kilomètres de Ben Jawad, où ils ont perdu dimanche deux des leurs, tombés dans une embuscade.

Une kalachnikov à la main, au chargeur attaché par une bande adhésive, Khaled al-Nadhouri, étudiant en économie arrivé en voiture de Marj, à plus de 400 km à l'est, se désole du rapport de forces: "Nous n'avons que des armes légères et les hommes de Kadhafi utilisent des roquettes Grad". "Tous les moujahidine sont prêts à se battre", assure néanmoins son compagnon, Fetih Issaoui, ancien militaire chassé de l'armée en 1999 en raison d'une fronde tribale contre le régime de Mouammar Kadhafi.

«Ou Kadhafi nous tuera tous, ou nous le tuerons»

"Nous sommes arrivés avec des kalachnikov mais ils nous attendaient avec de l'artillerie", raconte un des rescapés de l'embuscade à Ben Jawad, un petit village où les insurgés étaient arrivés samedi après-midi et d'où ils espéraient rallier Syrte, la ville natale du numéro un libyen, à une centaine de kilomètres à l'ouest.
Armé en tout et pour tout d'un caméscope, Massoud el-Mchiri, un instituteur de 54 ans venu d'Ajdabiya, à 210 km à l'est, veut "mourir pour la Libye".

"Ou Mouammar (Kadhafi) nous tuera tous, ou nous le tuerons", prédit-il. "Mouammar cherche à exterminer tout le peuple libyen", approuve Ahmed el-Moghrabi, un jeune homme en veste d'uniforme, mais sans arme. Le long de la bande d'asphalte qui traverse l'étendue désertique de quelques dizaines de kilomètres entre Ben Jawad et Ras Lanouf, site pétrolier pris vendredi par la rébellion, des pick-up bourrés de combattants montent au front, avant de rebrousser chemin devant le barrage de feu de l'ennemi. "Ici, on avance vers eux à découvert", reconnaît un insurgé en montrant le désert, plat.

«Le problème, c'est que nous n'avons pas de commandement»

À l'arrière, un parfum de défaite et d'amertume a supplanté l'euphorie qui a accompagné la prise de Ras Lanouf. Devant le petit hôpital de cette localité assoupie, des ambulances envoyées de l'est se garent en prévision de nouveaux affrontements.
Depuis les haut-parleurs de la mosquée, sur fond de salves de mitrailleuses, les habitants sont appelés à la mobilisation. "A toute la population de Ras Lanouf, que faites-vous encore assis chez vous pendant que vos frères se font tuer à Ben Jawad et que l'on vient de toutes les villes, de Benghazi à Al Baïda, pour se battre", rugit l'orateur, dont les paroles résonnent dans les rues désertes: "Sortez et allez vous battre!".

Rassemblés plusieurs heures après les combats près d'un pick-up bourré de roquettes antichars, les insurgés se demandent comment combattre cet ennemi à la puissance de feu bien supérieure à la leur. "Toute personne ayant une arme devrait aller se battre", dit un insurgé. "Mais nous n'avons que des armes légères", rétorque un autre. "Oui, mais soit on fait ça, soit on rentre à Benghazi", insiste le premier. Un autre homme secoue la tête de dépit: "Le problème, c'est que nous n'avons pas de commandement"

(L'essentiel Online/AFP)

Authors:

pour en savoir plus...

Last modified on Tuesday, 30 November 1999 01:00
French (Fr)English (United Kingdom)

Parmi nos clients

mobileporn