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Lundi, 21 Février 2011 16:14

Patrouille de nuit «Je n'ai pas mis de PV depuis 2002»

Patrouille de nuit «Je n'ai pas mis de PV depuis 2002»

Pour une majorité, le policier luxembourgeois est assimilé à un fonctionnaire qui distribue à tour de bras les avertissements taxés. Une image qui colle à la peau des quelque 1 850 policiers du Luxembourg. Gilles et ses collègues du commissariat de la gare sont, eux, à l’opposé de cette image tranquille. «Le premier réflexe des gens quand ils apprennent que je suis policier est de demander que je fasse sauter leur PV, assure le premier inspecteur. On a de nous que l'image répressive, mais le dernier avertissement taxé que j'ai donné remonte à 2003 ou 2002.»

Et pour cause, le champ d'intervention de Gilles et de ses collègues ne relève pas vraiment des problèmes de circulation, mais plus de ce qu'il qualifie «d'interventions dans le milieu social.» Travaillant dans le quartier de la gare, à Luxembourg, le policier côtoie quotidiennement un monde nocturne qui reste invisible aux regards de la majorité des milliers de personnes transitant par ce quartier de la capitale. Surtout quand l'officier effectue son service de nuit. «60 à 70% de nos interventions, entre 21h et 6h du matin, relèvent de problèmes liés aux faits de société, confirme Gilles. Notre quotidien, ce sont les prostitués, les drogués, les violences familiales ou les problèmes liés à la sortie des boîtes de nuit ou des cabarets.»

«Tout cela reflète notre quotidien»

Un monde à part, en plein cœur de la Ville, qui confronte les policiers à des situations inconnues dans les quartiers résidentiels. Mike, jeune recrue affecté au secteur de la gare depuis cinq mois, a ainsi déjà plusieurs fois fait l'expérience du monde de la nuit. «Depuis que je suis en poste, on m'a craché dessus, j'ai été frappé au visage par un gamin de 16 ans et j'ai été mordu par une prostituée. Mais malgré cela, je ne pense pas que je vais demander à quitter ce poste. Même si notre secteur est petit, il s'y passe toujours quelque chose. C'est un défi de tous les jours.»

Et effectivement, au cours des heures passées avec les quatre policiers en poste la nuit, ces derniers ont fait face à une multitude de situations. Que ce soit avec Rebecca*, prostituée contrôlée dans la rue et obligée de faire un passage au poste pour payer une amende ou bien avec Luc*, pris presque le nez dans son rail de coke, dans la pénombre d'une impasse rue de Strasbourg, sans oublier l'aide apportée à une mère de famille inquiète de l'absence de son fils de 17 ans. Des actes sans la moindre originalité pour les hommes et les femmes de la brigade et qui «reflètent simplement notre quotidien, note Gilles. Comme nous les connaissons pratiquement tous, nous avons une relation particulière avec eux. Ce sont nos clients.»

Pour pouvoir continuer à évoluer dans ce milieu particulier, les hommes et femmes du commissariat de la gare ont chacun leur petit truc. Certains font du sport, d’autres pratiquent des activités manuelles ou parviennent à faire le vide en quittant leur uniforme. Une séparation entre activité professionnelle et vie privée indispensable à en croire les policiers. « Même si je suis policier 24h/24h, j’ai besoin de pouvoir penser à autre chose, assure Gilles. Cela fait huit ans que je suis à ce poste et le jour où je ne voudrais plus venir, il sera temps pour moi de chercher à faire autre chose. Mais pour l’instant, l’envie est toujours là.»

Jean-Michel Hennebert/L'essentiel Online

*Les prénoms des personnes ont été changés.

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Last modified on Mardi, 30 Novembre 1999 01:00
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