
Les générations se succèdent, mais c’est toujours la même rengaine. Dès leur plus jeune âge, les garçons s’entendent dire que «pleurer, ça ne fait pas viril», qu’il faut savoir rester stoïque en toutes circonstances. Ce n’est manifestement pas l’avis de deux compères établis en Californie, l’un éducateur pour ados à problèmes, l’autre chargé de former les gens à s’exprimer en public.
Ils viennent d’ouvrir un «atelier lacrymal» dans la région de San Francisco, dont la mission est de permettre aux hommes de se retrouver en groupe pour apprendre à pleurer, comme l’a rapporté récemment l’hebdomadaire français Le Point. Lancés il y a environ deux mois, ces groupes permettent aux participants de se confier: la perte de leur emploi, les traumatismes liés à leur enfance, ou encore la perte d’un être proche. Si certains se contentent de quelques reniflements, d’autres éclatent carrément en sanglots. «C’est typiquement américain, souligne Vincent Cespedes, philosophe français et auteur de L’homme expliqué aux femmes.
Retenir ses émotions serait nocif pour la santé
De telles réunions ne sont pas envisageables ici, où le travail se fait au niveau individuel». Pour lui, tout dépend du contexte. «Pleurer dans un cadre intime est toléré. Dans celui de l’entreprise ou du sport, c’est tabou. Cela renvoie à une homophobie latente, l’homme ne doit pas être une femmelette.» Et la larme comme arme? «Oui, quand on veut montrer sa souffrance.»
En revanche, des études scientifiques montrent que réprimer ses émotions peut être nocif pour la santé. Les larmes libèrent des hormones de stress et ont un effet apaisant. L’un des initiateurs des groupes va même jusqu’à dire qu’il y aurait moins de violence si les hommes pleuraient plus!
L'essentiel Online avec Catherine Muller/Stéphanie Billeter
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