
Les forces libyennes ont bombardé une colonne d'insurgés qui progressait le long de la côte méditerranéenne vers Syrte (est), bastion du régime, et la ville de Misurata, dans l'ouest. Ces derniers avancent vers l'ouest, et plus précisément en direction de la capitale Tripoli, qui reste aux mains des forces gouvernementales. Les rebelles ont gagné du terrain au cours des derniers jours, en prenant le contrôle de deux importants ports pétroliers, Brega et Ras Lanouf (620km à l'est de Tripoli).
Condamnation internationale L'administration américaine, qui a réclamé le départ de Moammar Kadhafi, étudie actuellement plusieurs options, dont la mise en place d'une zone de «non-survol» au-dessus du pays. En déplacement au Caire, le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a déclaré dimanche que la France et l'Europe ne pouvaient pas tolérer la «folie criminelle» du régime Kadhafi. La France a salué dimanche la création du Conseil national libyen, composé d'opposants à Moammar Kadhafi, et condamné l'usage inacceptable de la force contre les civils«, selon un communiqué du Quai d'Orsay. Quant à Moammar Kadhafi, il a affirmé dans un entretien au »Journal du Dimanche« qu'il n'a «jamais tiré sur son peuple». Selon lui, «il n'y a pas eu de manifestations en Libye! Et personne n'a tiré sur des manifestants!». Al-Qaïda au Maghreb islamique est derrière l'insurrection en Libye, a-t-il de nouveau déclaré, en affirmant mener un combat «contre le terrorisme». Le n°1 libyen a réclamé une enquête de l'ONU ou de l'Union africaine, assurant qu'une telle commission pourrait «aller voir sur le terrain, sans aucune entrave». «Si la France souhaite coordonner et diriger la commission d'enquête, j'y serais favorable», a-t-il dit.Mais les forces pro-Kadhafi menaient dimanche une violente contre-offensive, avec d'intenses combats au sol et l'appui de bombardements aériens. Cela leur a permis de reprendre aux insurgés le contrôle de Ben Jawad, à 160km à l'est de Syrte. Lorsqu'ils ont essuyé ce revers, les insurgés avançaient vers Syrte, qui pourrait être un terrain de bataille décisif. Selon des témoins, par ailleurs, les troupes du régime ont ouvert un nouveau front, en bombardant à l'artillerie lourde Misurata. Située à quelque 190km à l'est de Tripoli, c'est une des deux villes de la partie ouest de la Libye aux mains de l'opposition.
Les bombardements, expliquent les témoins, ont débuté vers 11h30 et avaient quasiment cessé en début d'après-midi. On ignore s'il y a des victimes et des dégâts. Samedi, l'insurrection a essuyé des attaques des pro-Kadhafi à Zaouïa, à une cinquantaine de kilomètres seulement à l'ouest de Tripoli. Selon des témoins, les insurgés -des volontaires souvent formés à la hâte et des militaires passés dans l'opposition- ont lancé une contre-offensive qui leur a permis de regagner le terrain perdu face aux forces du régime.
Le gouvernement libyen a de son côté affirmé samedi soir que «99%» de Zaouïa avait été repris à la rébellion. D'après divers témoignages, dont de membres de l'insurrection, les combats ont été féroces. «Il y a tellement de gens qui ont été tués. Il y a tellement de blessés. Il y a beaucoup de chars qui sont entrés dans la ville», a expliqué un insurgé, sans pouvoir fournir de bilan précis.
Dans la capitale Tripoli, toujours sous étroit contrôle du régime qui a organisé dimanche une manifestation pro-Kadhafi sur la Place Verte, les habitants ont été réveillés avant l'aube par des tirs nourris d'armes, qui ont duré au moins deux heures. Selon les autorités libyennes, il s'agissait de tirs pour fêter la reprise par les forces loyalistes des villes de Ras Lanouf et de Misrata, près de Tripoli. En dépit de ces affirmations, Ras Lanouf était toujours dimanche matin sous le contrôle de l'opposition.
(L'essentiel Online/AP)
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