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Mercredi, 06 Avril 2011 09:08

« Living Proof », l’opération séduction de Bill Gates

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« Avez-vous le sentiment de changer le monde ? Je fais partie d’un groupe de personnes qui ont probablement un peu contribué à changer le monde, avec le PC, et maintenant avec ma fondation. »

Bill Gates, qui était à Paris pour deux jours afin de faire la promotion de son action en faveur du développement à travers sa Fondation Bill & Melinda Gates, ne se pousse pas du col. Pourtant il aurait de quoi, un peu.

Le vaccin, sésame du développement

Maintenant qu’il consacre 90% de son temps à sa nouvelle vie de philanthrope (les 10% restants étant encore dédiés à une startup du nom de Microsoft, de son propre aveu), et 90% de sa fortune personnelle, il peut déjà s’enorgueillir de quelques succès. Comme celui, par exemple, d’avoir pratiquement éradiqué la polio du sous-continent indien grâce à un investissement massif dans des programmes de vaccination. Il est d’ailleurs frappant de constater après avoir passé quelques heures à proximité de Bill Gates lors de son séjour parisien que « vaccin » est le mot qui revient le plus souvent dans ses propos, lui qui considère – à juste titre – qu’il « n’est pas concevable que dans les pays pauvres, des enfants meurent de maladies qui n’existent plus ou qui ont été vaincues dans les pays riches, juste pour une question d’accès au soins, et aux vaccins ». Une sorte de mot – ou de formule – magique, le sésame qui ouvre toutes les autres portes de la lutte contre les méfaits du sous-développement. Prochaine cible : le paludisme.

Au-delà de l’évangélisation sur les bienfaits de sa fondation et de ses diverses initiatives (comme The Giving Pledge qui consiste à inciter 50 milliardaires américains et leur famille à donner au moins 50% ou plus de leur fortune de leur vivant ou à leur mort pour l’aide au développement et contre la pauvreté), le passage de Bill Gates à Paris, qui sera suivi d’une étape à Berlin mercredi, avait pour objet de réveiller les consciences sur la nécessité de faire pression sur les gouvernements pour leur engagement dans l’aide au développement.

Démontrer et prouver

Cette opération, nommée « living Proof » (« Preuve Vivante ») de la Bill & Melinda Gates Foundation et ONE (l’ONG de Bono et Bob Geldof) a pour objet de rappeler l’importance de l’aide publique au développement après la période de crise financière et économique mondiale dont les pays riches sortent à grand peine. Mais elle vise aussi et surtout à apporter des preuves des résultats obtenus par la fondation et les ONG qui en dépendent partiellement (ONE est financée en partie par la Bill & Melinda Gates Foundation) et à convaincre les opinions publiques que les fonds sont bien utilisés, en toute transparence, grâce à des procédures de vérification qui sont censées éviter toute gestion frauduleuse.

Bill gates a donc fait la tournée des popotes au cours de ce marathon de deux jours, entre ministères et grands médias (dont le 20h de TF1 et un passage chez Yves Calvi sur RTL), et j’ai eu la chance avec le camarade Mry (et sur sa recommandation) de faire partie de la cohorte, à l’invitation de Marquardt & Marquardt l’agence de relations internationales qui organisait et pilotait l’opération[1].

Côté coulisses…

Comme je sais que, maintenant que la présentation officielle est faite, c’est surtout ce que s’est passé côté coulisses qui vous intéresse, bande de midinettes, voici quelques éléments : le premier rendez-vous était fixé lundi matin à 11 heures sur l’esplanade du Trocadéro, ou Bill Gates est venu dédicacer une fresque réalisée par des graffeurs sur les thèmes-clé de la campagne et se prêter à une première séance photo.

« Living Proof », l’opération séduction de Bill Gates
La Tour Eiffel vue de mon iPhone (avec filtre)

« Living Proof », l’opération séduction de Bill Gates

« Living Proof », l’opération séduction de Bill Gates
Bill Gates est arrivé, sans se presser, avec Felix, organisateur de l’évènement

« Living Proof », l’opération séduction de Bill Gates
Oui, Bill, ceci est un iPhone


Le deuxième point fort de la journée (enfin surtout pour nous) était le cocktail dînatoire offert le soir dans une galerie d’art Place des Vosges, où étaient invitées une quarantaine de personnes, principalement des politiques et des personnalités du monde des affaires et des médias (Frédéric Mitterrand, Yann Arthus-Bertrand – qui n’est pas venu en hélicoptère…), quelques journalistes nationaux et internationaux (BBC, The Onion…), et deux blogueurs, Mry et votre serviteur. Le camarade Tarik Krim était là aussi.

Gates est arrivé tôt, juste après son passage sur TF1, et il a fait preuve une grande disponibilité, tapant la discute avec qui venait lui parler. Notre petit groupe de geeks l’a abordé en fin de soirée quand il n’y avait plus grand monde, et nous avons discuté à bâtons rompus pendant près d’une heure et demie, sur divers sujets, « Mark (Zuckerberg) me rappelle quelqu’un que j’ai très bien connu. Entre 20 et 30 ans j’ai consacré l’intégralité de ma vie au développement de Microsoft. Pas de sorties, pas d’amis, no girlfriends, Microsoft et c’est tout ». Détail à noter : Gates se passionne rapidement dans une discussion, sait écouter, a de l’humour, et apprécie le bon vin. On est donc – en tout cas dans ce contexte – très loin de l’image de savant autiste qui lui colle parfois aux basques. Le reste de la discussion (énergies, Fukushima, révolutions arabes…) fut d’ailleurs très animé, car l’homme a des positions assez tranchées sur ces sujets, mais ça c’est off.

Le dernier rendez-vous auquel je participais était une sorte de press-junket mardi matin sur une péniche amarrée près du Pont des Arts, où Bill Gates donnait des interviews de dix minutes chacune à divers médias, dont la BBC, Le Point et Canal Plus (Mouloud). Ce n’était pas prévu au départ – d’autant que nous avions eu de la matière en privé la veille au soir – mais j’ai pu aussi poser quelques questions à Bill Gates. Comme je ne suis pas un expert du développement durable, et que ce n’est pas l’objet de ce blog, il a fallu trouver un angle tech pour donner un peu de sens à ces questions, afin que vous ne partiez pas en courant, ou que l’épisode de la péniche ne se transforme pas en remake du Titanic version blog. Voici mes quatre questions à Bill Gates.

(transcript de l’interview en cours, en ligne dans la matinée)

Cet épisode matinal s’est conclu par une petite séance photo avec mon iPhone, que Gates commenta, amusé, d’un « Absolutely no problem ». Ouf :-)

« Living Proof », l’opération séduction de Bill Gates

C’est ainsi que se sont conclus pour moi ces deux jours avec Bill Gates. Il s’agissait bien sûr d’une opération de communication, annoncée d’ailleurs très clairement comme telle, mais pour la bonne cause. Juste histoire de rappeler aux dirigeants occidentaux leurs responsabilités, et qu’il serait bon ton de ne pas oublier nos amis du sud en prenant la crise comme prétexte. Juste histoire de rappeler aussi que la Bill & Melinda Gates Foundation, qui existe depuis onze ans, emploie près de 900 salariés dans une centaine de pays, et qu’elle est le deuxième plus donateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et que sa dotation en fait la plus « riche » fondation au monde avec 26 milliards d’euros de dotation.

Et dire que tout cela a commencé avec quelques lignes de code…

[1] un grand coup de chapeau à Felix Marquardt et son équipe pour l’organisation impeccable de cet évènement hors du commun qu’ils ont réussi à rendre convivial. Marquardt & Marquardt est une agence de communication spécialisée dans les relations internationales et les évènements autour du business, de l’art et de la politique, comme les très select Dîners de l’Atlantique.

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