Viral : le « buzzword » de ces dernières années. Tout le monde veut en faire, du viral ! La faute à Facebook. Mais pour le moment encore très peu y arrivent. Car après tout ne buzz pas le premier venu ! Certains, à l’instar d’e-Loue.com ou de Badoo, réussissent à tirer leur épingle du jeu et à monter des campagnes avec un investissement minime. Petite étude de leur méthode.
Le cas Loueunepetiteamie.com, ou créer la polémique pour vendre
Début janvier, loueunepetiteamie.com faisait son apparition sur internet. Ce site, dont l’ouverture était programmée pour février, vous proposait de louer une femme, pour une heure ou un week-end. En nous assurant que « ce n’est pas de la prostitution, c’est de la location ! » (Ouf !).
Bien sûr, tout était faux, et avait été orchestré par l’un des fondateurs d’e-Loue.com, une société qui propose de tout louer (sauf les êtres humains).
Ce site, qui a été ouvert pendant un mois, a attiré 180 000 visiteurs. Des centaines de médias ont relayé l’information. E-loue.com n’a fait aucun effort de communication : son investissement total dans l’opération est estimé à moins de 20 €.
On peut donner ici plusieurs raisons pour la réussite de ce buzz :
- loueunepetiteamie.com est un concept assez gros, tellement gros qu’il était possible d’y croire
- le thème était sujet à controverse, et il a déchainé les passions. Les avis étaient réellement partagés à propos du site.
Au final, d’après les fondateurs, l’impact sur e-Loue a été positif : une couverture internationale, une augmentation sans précédent du chiffre d’affaire, etc. On peut cependant s’interroger sur les retombées négatives d’une telle campagne en ce qui concerne l’e-réputation. Est-il correct, voire stratégique, de promouvoir sa société en utilisant la crédulité des gens ?
Il semble que oui pusiqu’en ce mois d’avril, BETC EURO RSCG (1ere agence de conseil en stratégie de marque en Europe qui a notamment réalisé la publicité des bébés d’évian et le « venez comme vous êtes » de McDonald) s’essaie à son tour à cet exercice. Vous avez peut-être entendu parler de l’e-mote, cette télécommande qui vous permet de changer de chaine rien que par la pensée. Eh bien, c’est un faux produit qui est seulement destiné à faire le buzz, pour promouvoir ce qui semble être la VOD de canal +. Désolé si vous pensiez que les scientifiques avaient enfin trouvé une réponse à la sempiternelle question « où se trouve la télécommande ».
Et cette campagne, beaucoup moins artisanale que la précédente (spot publicitaire, achat d’espace sur internet, etc.) semble avoir plus de mal à faire un buzz. Produit un peu trop gros, et pas assez polémique ? Quoi qu’il en soit, pour le moment il est encore difficile d’estimer les retombées. La sortie est prévue pour mai 2011, on attend de voir si le succès sera au rendez-vous.
Nb : dans les 2 exemples présentés ci-dessous, la supercherie a été révélée bien avant la sortie officielle juste en allant consulter le service WHOIS. Aussi, si vous avez un jour l’intention de mettre en place une campagne similaire, utilisez un pseudonyme, pour préserver quelque peu le secret.
Le cas Badoo, ou le marketing viral agressif
Connaissez-vous Badoo ? Ce site de rencontre a développé une application Facebook qui vous permet de répondre à des questions sur vos amis, et de voir ce que vos amis ont répondu sur vous. Une bien belle application me direz-vous.
Cette application a gagné en mars 2 millions d’utilisateurs journaliers (voir graphe ci-dessous), en mettant en place une stratégie virale simple (mais agressive). La case « publier ma réponse sur le mur de mon ami » était directement cochée, et si vous la décochiez, une lutte sans merci s’engageait avec l’application, qui vous rappelait à coup de pop-up que si vous ne dites pas à vos amis que vous avez répondu à une question sur eux, ils ne vont pas répondre à des questions sur vous.
Une stratégie couronnée de succès donc, mais pas du goût de Facebook, qui a récemment demandé à Badoo de changer sa politique. La case peut rester automatiquement cochée, mais plus de pop-up ! Ce qui s’est traduit par une diminution de 75 % des utilisateurs journaliers de l’application, en à peine quelques jours (l’application est passée de 5 millions d’utilisateurs journaliers à 1 million)
Attention donc à ne pas gêner l’expérience des utilisateurs de Facebook, sous peine de s’attirer les foudres de la firme de Palo Alto ! Car elle veille au grain…
Et vous, connaissez-vous d’autres exemples de société ayant réussi à buzzer presque gratuitement (ou du moins en utilisant des moyens détournés) ?
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