«Tous ces dirigeants européens qui ont embrassé M. Kadhafi, je leur dis ‘honte!’», a tonné l'élu eurosceptique, en montrant à ses collègues de grandes photos où l'on voit notamment le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi et le président de l'Union européen Herman Van Rompuy en compagnie du «guide» libyen.

«Voilà une photo de M. Van Rompuy qui vient à peine d'être nommé et qui se trouve déjà en mauvaise compagnie», a raillé M. Eppink, sous les rires gênés des autres députés. «Et voilà M. Berlusconi, nous savons qu'il aime beaucoup les embrassades, mais là je crois qu'il se trompe de partenaire». Arborant une photo de l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair, M. Eppink s'est adressé directement à la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, qui fut membre du gouvernement de M. Blair avant d'occuper des fonctions européennes.

Pour une reconnaissance de l’opposition libyenne

«Mme Ashton, voilà Tony Blair, votre ancien patron qui embrasse lui aussi ce dictateur», a fustigé M. Eppink. La chef de la diplomatie lui a répondu qu'elle trouvait ces déclarations «injustes». Commentant en particulier la photo de M. Van Rompuy, elle a souligné que les dirigeants européens avaient régulièrement des rendez-vous avec des responsables de l'Union africaine. «Dans le cadre de nos fonctions, nous sommes amenés à rencontrer des gens que nous n'aurions peut-être pas souhaité rencontrer», a-t-elle argumenté.

Ces échanges sont intervenus lors d'un débat sur la réponse que l'Union européenne pourrait apporter à la révolte en cours en Libye. Les chefs des grands groupes politiques du Parlement se sont prononcés pour que l'Union européenne reconnaisse le Conseil national de transition (CNT) constitué par l'opposition au colonel Mouammar Kadhafi et soutienne l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne. Prenant la parole avant M. Eppink, le coprésident du groupe des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, avait reconnu une «complicité» de longue date entre les dirigeants européens et le régime libyen. «Soyons francs, nous avons été pendant des années complices des dictateurs, nous devons avoir un sens de l'autocritique», a dit l'élu franco-allemand.

(L'essentiel Online/AFP)